Ça vous dérange de serrer la main ?

C’est une question qui peut paraître évidente pour beaucoup de gens, j’y ai même répondu d’un rapide « non » quand on me l’a posée la dernière fois. Pourtant quelques minutes après, je me suis rendu compte que j’avais répondu de manière automatique, comme si j’étais alliste (non-autiste).
Dans la réalité cette question n’a pas vraiment de sens en soit, elle manque d’information, selon le cas cela peut me déranger, au point de chercher à éviter de le faire.

Il y a des nombreux paramètres à prendre en compte pour pouvoir y répondre, voici quelques exemples:

• Le grain de peau de la personne à qui je serre la main peut être un frein.
• Je ne supporte pas de serrer la main de quelqu’un qui a transpiré ou qui a les mains sales.
• Certains jours, je n’aime tout simplement pas être touché.
• Je ne supporte pas non plus quand la personne est brusque, me secoue le bras comme si j’étais une pompe à eau, ou veut utiliser la poignée de main comme un signe de domination (en serrant fort)
• J’ai aussi beaucoup de mal quand je suis en face de quelqu’un que je n’apprécie pas.

Serrer la main à une nouvelle personne est toujours un moment de surprise, bonne ou mauvaise. Comme je n’ai jamais touché la main de la personne je n’ai pas encore encodé le toucher de cette dernière dans ma base de données, qui contient de nombreuses informations qu’elles soient sensorielles, émotionnelles ou comportementales correspondant à chaque personne.

Il faut plusieurs répétitions pour que cette sensation soit encodée et que la surprise ne soit plus présente, elle réapparaît s’il y a un petit changement entre la sensation attendue et la sensation ressentie, même si cela peut paraitre insignifiant.

Il y a de nombreuses questions qui me posent ce genre de problème, dans de nombreux cas ma réponse n’est que le résultat d’un script déclenché par la question. Cela cause parfois des réponses incohérentes car le script qui produit la question ne prend souvent pas en compte les nombreux paramètres qui peuvent apparaître. Quand il fonctionne cela permet de répondre rapidement, de masquer sans trop d’effort et de pouvoir vite passer à autre chose.

Il y a aussi des affirmations qui me posent problème, car je ne sais pas si elles demandent une réponse, ce qui est parfois le cas, et souvent elles me bloquent, je ne dis plus rien, ou au mieux je dis « merci » et me sens un peu bête si la personne face à moi semble montrer des signes de surprise.
Voici quelques exemples de questions ou de phrases à problèmes:

• « Comment ça va ? » ou « Tu vas bien ? »
• « Ça me fait plaisir de te voir. »
• « Quel est ta couleur préférée ? » (Ah il n’en faut qu’une et toujours la même ?)
• « As-tu bien dormi ? » (Ben je sais pas, je dormais…)
• Et pleins d’autres sur lesquelles je m’étendrais lors de prochains articles

Quand je veux répondre de manière correcte, je suis obligé de prendre un peu de temps pour comprendre la question, ce que je ne fais pas quand je réponds de manière scriptée, demander des précisions sur la question posée et parfois exprimer que, pour moi, la question n’a pas de sens, ce qui se traduit parfois de manière réductrice par un « je sais pas ».

Photo de Jon Tyson